Source: Pocock 1976

Les cartes mentales représentent un espace tel qu’il est perçu par les habitants plutôt que tel qu’il est présenté sur les “cartes officielles” (p. ex. les cartes que vous pouvez charger à partir de ressources cantonales ou d’OpenStreetMap). Une carte mentale ne s’inscrira souvent pas dans une vision topographique de l’espace, avec ses coordonnées, sa projection, son rapport direct à l’espace euclidien.

Au sens strict, une carte mentale est le dessin d’un espace vécu dessiné par chacun de vos interlocuteurs. Il est cependant parfaitement envisageable de faire intervenir d’autres éléments et outils: des logiciels de dessin et de design, des photographies, des modèles de plastiline posés sur un carton… Dans certaines situations, il sera même pertinent d’imprimer un fond de carte topographique dans une couleur neutre (dégradés de gris) et laisser vos interlocuteurs dessiner dessus. Tant que votre méthodologie reste systématique et cohérente avec vos objectifs de recherche, le champ des possibles est ouvert.

[en haut] Exemple de carte originale dessinée par une personne interrogée (“Hank”) à Columbus, dans l’Ohio, avec une symbologie codée de la résidence, de l’emploi et des trajets quotidiens. [en bas] Caractéristiques numérisées de points, de lignes et de polygones d’un croquis de carte à Columbus, Ohio. Source: Boschmann & Cubbon (2014).

Pour que la méthode vous permette de comprendre le territoire vécu au-delà de la vision idiosyncrasique d’un seul individu, il est important d’interroger au moins une dizaine de personnes, choisies de manière statistiquement représentative (sexe, groupes d’âge, diversité d’acteurs spatiaux, des groupes d’intérêt…). Cette diversité doit, elle aussi, être raisonnée et documentée.

Outils

“Analytical maps of each mental map for individual analysis.” Aram et al. (2019).

De nombreuses techniques et outils peuvent ainsi être mobilisés pour la création de cartes mentales:

Annotations à main levée créées avec les outils du plugin redLayer dans QGIS. L’outil permet de sauvegarder vos annotations (n’oubliez pas de sauvegarder régulièrement pour ne pas perdre votre travail), ainsi que de les exporter dans une couche de géodonnées vectorisée (après cette exportation, vos annotations cessent d’être éditables, mais elles peuvent être stockées.) Fond de carte: OSM standard ajouté avec le plugin QuickMapServices.
Pour avoir un fond de carte en teintes de gris dans QGIS, choisissez: Layer > Layer Properties > Symbology > Layer Rendering :: cochez la case “Hue” et choisissez la couleur noire.

Collecte et analyse des cartes mentales

https://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/27867/img-1.jpg
Table de “chorèmes” adaptée de Lardon and Piveteau (2005). Source: Dernat, S., Johany, F., & Lardon, S. (2016).

Il n’existe aucune méthodologie prescrite pour le processus de récolte et d’analyse de cartes mentales. Vous êtes donc libre de définir votre propre processus; cela vous oblige cependant à le formaliser et à le documenter. Vous devez savoir quelle hypothèse vous souhaitez examiner. Vous devez également appliquer une méthodologie identique avec tous vos interlocuteurs, aussi bien au moment de la collecte des cartes qu’au moment de leur analyse. Cette méthodologie doit être documentée dans votre travail.

Vers une synthèse spatiale

L’un des grands défis des cartes mentales est la synthèse des perceptions d’une pluralité d’interlocuteurs dans une image commune. Rassembler toutes les cartes dans un espace topographique offre une solution. À cet effet, vous pouvez utiliser un logiciel de dessin permettant la superposition de couches d’information, un SIG comme QGIS (cf. Boschmann & Cubbon 2014) ou un outil spécialisé comme ARAMMA. Il est toutefois important de présenter à la fois les cartes originales (celles dessinées par vos interlocuteurs), la carte synthétique et leurs relations.

Consulter les recherches existantes

De nombreuses chercheuses ont employé des cartes mentales et il faut connaître leurs travaux pour éviter des pièges qu’elles ont rencontré, vous inspirer des solutions qu’elles ont trouvées, bref, pour ne pas réinventer la roue. Je recommande notamment les ressources suivantes:

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