Le Wikitractatus est un poème 2.0, dont le sens dépend de votre itinéraire, à l’instar du sens de n’importe quel territoire que vous créez par votre mouvement, par vos sensations, par les réflexions qui naissent en vous en marchant.
Ce texte est né sur le papier il y a plus d’une dizaine d’années, comme une série d’aphorismes connectés. Il a grandi dans le HTML, le CSS, le JavaScript, le PHP, le MySQL et parmi d’autres paradigmes du web. Désormais il vit sur la toile.
Avec l’éditeur Hélice Hélas nous lui avons donné vie sur le papier.
Le 18 avril 2015, à l’occasion de la Nuit de la lecture, nous l’avons installé pour la première fois dans l’espace urbain à Lausanne, sous forme de stations consistant de panneaux d’hypertexte dont les liens, plutôt que d’être cliqués, sont des coordonnées géographiques donnant accès à d’autres stations où la lecture se poursuit. Les coordonnées sont exprimées en code QR à scanner par les téléphones portables de toutes marques.Pour concevoir cette installation, j’ai travaillé de manière conjointe avec qGis et Cytoscape, en d’autres mots avec le territoire et le réseau.
Côté qGis, j’ai cherché à positionner les textes du Wikitractatus de manière à ce qu’ils résonnent avec le lieu d’installation. Chaque texte doit produire un décalage, un décentrement du lieu du lecteur. Il doit renvoyer aux autres textes affichés dans l’espace et participer ainsi à la transformation du territoire en multiplicité d’itinéraires possibles.
Cytoscape m’a aidé à faire un premier choix des textes les plus pertinents parmi les 900 entrées du Wikitractatus écrites à ce jour en résolvant un sacré casse-tête : assurer la connexité, maximiser la connectivité, faire en sorte que l’on ne doive pas marcher trop souvent vers les nœuds les plus excentrés (j’ai positionné, par exemple, les nœuds au degré entrant le plus faible aux extrémités nord ouest et sud de la ville, en gardant aussi à l’esprit leur rôle dans la connectivité, en me basant sur leur betweenness).
Ces choix spatiaux faits, il a fallu leur donner une réalité physique. L’architecte Juliette Lenoir m’a conseillé sur les supports et la mise en page à utiliser pour les panneaux à l’air libre. J’ai opté pour le format A2. Un bref script python programmé à la volée m’a servi a convertir les coordonnées latitudes longitude stockées dans ma géobase de données en codes QR.
import os
import qrcode
import qrcode.image.svg
from PIL import Image
from dbfpy import dbf
factory = qrcode.image.svg.SvgImage
db = dbf.Dbf("nuit_lecture_mots2_wgs84.dbf")
for rec in db:
geon = "geo:" + str(rec['lat_lon']).replace(" ","")
filename = rec['mot'].replace(" ","").replace("'","") + str(rec['lat_lon']).replace(" ","").replace(",","_") + ".svg"
img = qrcode.make(geon, image_factory=factory)
img.save(filename)
Avec l’aide d’Alexandre Grandjean, Arditë Shabani et Marie Widmer, nous avons fabriqué les panneaux et les avons répartis dans la ville, aux coordonnées prévues. Je saisis l’occasion pour remercier chaleureusement tous les lieux qui ont accueilli cet affichage, dont le réseau de bibliothèques municipales de la ville de Lausanne, la Bibliothèque Sonore Romande et la régie Mobimo, la Maison éclose au Parc Mon repos, l’hôpital de l’enfance, la pharmacie du Flon, et le Pôle Sud.
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