Après une première installation à Lausanne, le Wikitractatus a déployé ses branches sous le soleil de mai à Genève, à l’occasion de la Fureur de lire, adoptant deux formes, cette fois: une installation urbaine et un spectacle à trois voix.
La performance s’est déroulée dans les combles du Collège Calvin du 16e s. Quand Genève possédait encore ses murs d’enceinte, ces étages abritaient les chambres d’enseignants, qui pensaient, qui veillaient et dormaient là, qui montaient parfois à l’étage où nous avons rejoint leurs ombres avec les spectateurs. Dotés de lampes de poche, ils découvraient des traces d’enseignants gravées sur les murs. Ça et là aussi, des extraits du Wikitractatus dans l’installation réalisée par Juliette Lenoir.
Dehors dans la Vieille-Ville, ces mêmes spectateurs avaient passé l’après-midi à dériver le long de multiples itinéraires entre panneaux de texte reliés par des coordonnées géographiques. Ils retrouvaient à présent ces textes suspendus sous la charpente d’un toit, sur un fil qui les reliait. Si, dehors, ils avaient cheminé à leur guise, choisissant eux-mêmes la suite des textes, dedans, ils ont été embarqués sur un fil de lecture avec Alexandre Grandjean, Stéphane Bovon et moi même dans l’obscurité et la torpeur des combles, enveloppés d’une bande son d’Eliane Radigue.
Nous avons invité les présents à imaginer la ville qui est dehors. Leurs promenades, leurs errances dans cette ville, où nous nous croisons, où les histoires se nouent, toujours un peu parce que nous le voulons, toujours un peu malgré nous. À penser au lien entre le dedans et le dehors, l’intérieur et l’extérieur. Entre les réalités intimes que chacun porte dans sa mémoire et les réalités partagées dehors, dans l’espace extime. Plus tard, nous les avons invité à s’imaginer entrer dans une caverne ou dans une grotte.
Le Collège Calvin, comme les grottes de contes, ne s’ouvrent qu’une fois par année, pour donner accès au trésor caché. Les contes disent aussi qu’il ne faut pas s’attarder trop longtemps dans une grotte, parce qu’elle se ferme avant le dernier son de cloche. La grotte laisse entrer — et sortir — à sa seule guise.
Merci!
Une immense merci à tous ceux qui ont rendu ce projet possible. Nous pensons notamment à la Maison de Rousseau et de la Littérature, à Aurélia Cochet et Nathalie Garbely ainsi qu’à l’ensemble de l’équipe et aux bénévoles qui ont accueilli le public. Au Service administratif et technique de la ville de Genève, Alain Richina. À Dolores Meyer, au Collège Calvin.
À Laurence Gudin, Gabrielle Wagnière et Félix Prautzsch, éditeurs de l’extrême! Merci à toi Marie W.