De l’IA générative à l’écologie de l’art

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Le Courrier André Ourednik, 2025, « De l’IA générative à l’écologie de l’art », in Le Courrier, Genève, 8 juillet 2025

Qui possède un compte LinkedIn connaît l’essor démographique des exaltés en IA générative. Dans un post typique, on apprend que «la nouvelle IA GPT4o est complètement dingue. On lui passe le croquis d’un personnage, et pouf, on l’a sous tous les angles et dans plusieurs positions. Ajoutez le générateur de décor, et pouf, on a les scènes précises. Si j’ai le pitch du livre et son titre, je demande une cover, et pouf, je l’ai.» On saisit la place du concept d’«et pouf» dans la pensée des adeptes. Pour être juste, j’entends qu’un tournage de film soit éreintant. Qu’une directrice artistique puisse se lasser de porter toutes les décisions d’un projet impliquant des dizaines de collaborateurs. Mais revoir les hiérarchies, déléguer davantage et autrement, m’apparaît plus porteur que de renvoyer tout le monde pour s’asseoir seul avec l’IA, et lui confier les mêmes tâches avec une foi soudain équanime. Si l’IA me fascine, moi aussi, c’est qu’elle nous invite à penser la figure d’un auteur collectif. Mais qui la conçoit en ces termes en l’employant en production?