Le temps et le perspectographe, ou la géographie sur une feuille de papier
André Ourednik, 2013, « Le temps et le perspectographe, ou la géographie sur une feuille de papier », in Collage - Périodique d'urbanisme, d'aménagement et d'environnement n° 2/13. Collage - Périodique d'urbanisme, d'aménagement et d'environnement .résumé: Les efforts des cartographes pour formaliser, et pour systématiser la connaissance de l’espace habité, ont conduit en grande partie à privilégier une vision statique. À l’instar de la perspective de certains dispositifs picturaux de la Renaissance, la cartographie fixe encore ses objets. En termes géographiques, elle tend à confiner les humains à leurs domiciles. Cette pratique facilite les recensements statistiques et la lecture du territoire. Elle est cependant toujours plus réductrice face à la manière qu’ont les humains d’habiter leur espace, notamment dans le contexte d’un essor de la mobilité individuelle. Elle charrie en outre une idéologie de la demeure à fort potentiel identitaire, voire régressif, dans la mesure où la pluralité des individus s’y voit niée. Pourtant des moyens de tenir compte de la mobilité et de donner l’image cartographique du territoire qu’elle dessine existent. Nous en présentons un, ici, sous forme d’une approche basée sur le concept de « temps total de séjour ». Elle consiste à comptabiliser le temps passé dans les lieux plutôt que leurs populations résidentielles et donne ainsi – aux géographes comme aux aménageuses du territoire – les moyens de se pencher sur un territoire mouvant et complexe. .zusammenfassung: Die Bemühungen der Kartografen, die Kenntnisse über den bewohnten Raum systematisch zu erfassen, führten zu einer vorwiegend statischen Betrachtungsweise. Wie in gewissen perspektivischen Bildern der Renaissance, fixiert die Kartografie ihre Objekte noch. Geographisch gesprochen heisst dies, sie tendiert dazu, die Menschen an ihren Wohnort zu binden, was statistische Erhebungen und Gebietsanalysen erleichtert. Angesichts der zunehmenden individuellen Mobilität und der Art und Weise, wie die Menschen ihren Lebensraum besetzen, ist diese Praxis jedoch zu wenig differenziert. Ideologisch vermittelt sie die Vorstellung des stark identitätsstiftenden Heims und ist insofern rückwärtsgewandt, als dies für eine Mehrheit nicht zutrifft. Es gibt jedoch durchaus Möglichkeiten, die Mobilität mit einzubeziehen und kartographisch abzubilden. Eine davon wird hier vorgestellt, basierend auf dem Konzept der „gesamten Aufenthaltsdauer“. Dabei wird die an den jeweiligen Orten verbrachte Zeit gemessen und nicht die Einwohnerzahl erhoben. So erhalten Geografen und Raumplaner Angaben, die der Komplexität und Dynamik der betrachteten Gebiete gerecht werden. |