Des grands tours par-delà la ligne de Kármán
André Ourednik, 2013, « Des grands tours par-delà la ligne de Kármán », in Alexandre Joly - La cacahouète spatiale Art&Fiction. .extrait: ... En 1963, l'Union internationale des organisations officielles de voyage définit le touriste comme un « visiteur temporaire demeurant au moins 24 heures dans le pays visité et dont le but du voyage peut être classifié comme loisir ou affaires ». On notera qu’Ulysse, Pétrarque, le chien Laïka, Gagarine et la Cacahuète d’Alexandre Joly entrent aussi bien dans cette définition que les deux touristes en fibre de verre de Duane Hanson. Les contextes et les intentions changent mais un double processus demeure constant : en traversant l’espace, les corps changent le sens de l’espace, y font émerger de nouveaux toponymes, objets de désir et de conflit, de nouvelles exclusivités et de nouveaux lieux communs ; dans le mouvement, les sens des corps eux-mêmes changent – les individus qui les habitent développent d’autres rapports à eux-mêmes et à leurs semblables. Il y a 15 000 ans, par le même mouvement, le lieu de rassemblement cultuel Göbekli Tepe émerge des collines de l’Anatolie et devient une ébauche de ville.Dans tous ces mouvements, la spécificité du tourisme « spatial » tient en une définition physique : pour en être, il faut franchir la Ligne de Kármán à 100 km du sol. En-dessous, l’air est assez dense pour que les avions puissent voler. Au-dessus, seules les navettes spatiales peuvent... |